ARK NETWORK reference.ch · populus.ch    

De Bertrange à Compostelle
 Home  | Livre d'Or  | Album-Photo  | Contact

  
 

LE CAMINO FRANCES

Après 3 mois et demi d’interruption pour laisser passer les grandes chaleurs et l’affluence de l’été, nouveau départ pour 38 journées de marche, le 29 septembre à Saint-Jean Pied de Port. 
A nous les Pyrénées : l’aventure recommence enfin ! Ultreïa ! 
 
 
 
 
 
LE "CAMINO FRANCES" 
 
Tous les chemins mènent à Compostelle, mais en Espagne parmi les multiples itinéraires qui rallient Santiago, c’est le "Camino Frances" (le Chemin des Francs) qui est de loin le plus fréquenté, car le plus historique. 
Le balisage est impossible à manquer (en général, une grosse flèche de couleur jaune) tant il est dense sur les 790 Km restants. 
 
A l’entrée en Galice, et pendant les 150 derniers kilomètres, le repérage est renforcé, tous les 500 mètres, par une grosse borne monolithe implantée au bord du chemin, avec le kilométrage restant à parcourir gravé dans la pierre ! 
Un vrai compte à rebours ! 
 

 
 
 
En dehors du plateau de la Meseta que l’on traverse pendant une dizaine de jours après Burgos et qui est plutôt plat, sec, venteux et avare en végétation (donc en ombre et en points d’eau), 
 
 
 
les paysages sont en général assez accidentés, avec quelques beaux «morceaux» de relief à franchir comme : 
 
- Les Pyrénées, par le col Lepoeder (1430 m), qui se présentent dès le premier jour ; la mise en jambes, sans être brutale, est donc un peu vigoureuse car immédiate. 
 
 
 
- Les Monts Cantabriques avec la modeste Sierra del Perdon (780 m) juste avant Puente la Reina. 
 
 
- Les Monts de Leon avec le point culminant de l’ensemble du chemin : la très célèbre Cruz de Ferro (1490 m) et sa descente bien abrupte. 
 
- Le Cebreiro (1300 m) enfin, véritable morceau de bravoure pour nous, car aussi bien à la montée qu’à la descente, nous l’avons traversé pendant deux jours avec une météo assez épouvantable : rafales de pluies glacées, sévères bourrasques et brouillard opaque. 
Nos panchos, réputés imperméables, se sont montrés alors assez inadaptés et le séchage des vêtements à l'étape a été plutôt laborieux. 
 
Dans la chapelle de pierre à la température glaciale, l'office a lieu près du fameux calice miraculeux : 
 
 
 
Contrastant aussi avec la partie française qui est surtout rurale, de très grandes villes émaillent notre parcours : Pampelune, Logrono, Burgos, Leon, Ponferrada … Mais là aussi, difficile de se perdre, la coquille de Saint-Jacques nous guide dans toutes les rues ! 
 
 
Par ailleurs, le Chemin traverse cinq Provinces fort différentes : depuis la Navarre frontalière et la RIOJA viticole, 
 
 
 
par la petite Palencia agricole et l'immense Castille-Leon, jusqu'à la GALICE verdoyante (la "Bretagne" de l'Espagne) mais bien plus pauvre. 
 
 
 
Les portions goudronnées sont beaucoup moins nombreuses que du côté français (les pieds ne s'en plaindront pas !) mais, assez souvent, les chemins paraissent un peu trop "aménagés" et ont parfois perdu de leur naturel : aires de repas et de repos, franchissements sécurisés voire dallés, passages élargis, lignes droites à perte de vue…  
 
 
 
C'est ainsi que, dans la Meseta notamment, un projet européen a financé l'implantation le long du chemin, sur plusieurs centaines de kilomètres, d'un arbre tous les 9 mètres (avec un système d'irrigation au pied de chacun). 
 
 
 
On pourra espérer un peu d'ombre, dans quelques années ! 
 
 
Il est vrai que le Camino Frances voit passer chaque année un nombre croissant de pèlerins et que ce nombre n'a rien à voir avec celui enregistré en France ; c'est ainsi qu'en 2004, année jacquaire, le bureau des pèlerins de Saint-Jean Pied de Port a enregistré 30 000 passages, alors que le secrétariat de l'archévêché de Santiago a délivré cette même année 180 000 Compostellas ("diplômes" pour le pèlerin qui a marché au moins 100 km) contre 120 en 1982. 
 
Les pèlerins espagnols (80 pour cent du total, beaucoup d'étudiants) commencent plutôt leur pèlerinage à la Collégiale de Roncesvalles (Roncevaux), 
 
 
 
voire à Sarria pour les 100 derniers km. 
 
Il y a donc un peu la foule à la belle saison et on a investi quelque peu dans la sécurité, le confort et parfois … le commerce ! 
 
 
 
L'ACCUEIL ET LES CONTACTS 
 
 
Parce que nous avons choisi de péleriner en automne, nous n'avons eu aucun souci d'hébergement pendant les 38 jours. Les structures d'accueil du pèlerin sont nombreuses et variées, jamais très distantes les unes des autres (ce qui permet de décider d'allonger ou de raccourcir son étape du jour). 
 
On sent bien que les "albergues" (gîtes communaux ou privés), les institutions religieuses et les pensions diverses qui accueillent la majorité des pèlerins sont dimensionnées pour l'affluence de l'été ! 
 
Ici, le gite de Roncevaux : 120 lits ! 
 
 
 
Le camping est très peu utilisé, et les hôtels ont des tarifs abordables. 
 
Quelques règles simples sont à respecter : présenter obligatoirement sa créanciale ; on ne réserve jamais (en France presque toujours), heures d'arrivée : jamais avant 13h, parfois 16h, et départ pour 8h au plus tard ; les pèlerins-cyclistes ne sont pas acceptés avant 17h. 
 
 
Les tarifs d'hébergement n'ont rien à voir avec ceux pratiqués en France : entre 5 et 9 € la nuitée. On peut y cuisiner ses denrées. C'est en général très propre et plutôt bien équipé. 
 
En Galice, et quelques fois ailleurs aussi, les "albergues" sont "donativo" : financées par la Province, on y dépose ce qu'on veut, dans de grandes tirelires scellées dans le mur. 
 
A IRACHE, la fontaine à vin pour le pèlerin, c'est gratuit ! 
 
 
 
Tous les bars et restaurants présentent un "menu pèlerins", repas chaud et copieux autour de 8 €, vin à volonté. Le repas de midi, dans toute l'Espagne, est servi entre 13h30 et 15h. 
 
Les contacts avec la population locale nous ont paru beaucoup moins fréquents : la barrière de la langue certes, mais plus probablement l'habitude (installée depuis des siècles) de voir passer le pèlerin ont émoussé la curiosité de l'habitant : le pèlerin fait partie du paysage ! 
 
 
C'est donc surtout avec les autres pèlerins que les contacts, faits d'abord d'écoute et de partage, sont intenses et, par la richesse et parfois l'originalité des personnalités rencontrées, ils laissent des souvenirs absolument inoubliables ! 
 
 
Dans notre mémoire à jamais inscrits : Hans, l'avocat allemand venu à pied de Hambourg pour la seconde fois (6 000 km sans pause !), paraissant fuir une femme alcoolique qui veut divorcer ; Mauricio, presque va-nu-pied italien mais sosie du Christ et artiste polyglotte ; Erica, fille de joie berlinoise reconvertie dans l'humanitaire ; Ladislaw, Polonais de trente ans qui se dit "pénitent" et qui, au pied de chaque montée, charge son sac de gros cailloux : "parce que je dois sentir mon fardeau" ! Alice, Corse sportive de 65 ans … et tant d'autres ! 
 
 
 
LES GRANDES ÉTAPES 
 
Bien plus encore que sur le parcours en France, le passage de pèlerins depuis plus de 1 000 ans a laissé une empreinte omniprésente : lieux de culte, institutions religieuses, monuments, stèles mais aussi légendes, récits d'aventures, reliques et miracles divers. 
 
Ce qui paraît d'abord le plus étonnant, c'est la richesse des églises espagnoles : les églises en France sont très souvent ouvertes mais vidées de leur patrimoine ; au contraire sur tout le parcours espagnol, peu d'églises ouvertes en dehors des offices, mais quels trésors conservés et entretenus jalousement par chaque paroisse ! 
 
Comme par exemple les rétables, ces constructions en bois ou en pierre, si finement sculptés et richement décorés (et où l'or abonde) garnissant l'arrière de l'autel. 
 
 
 
 
Et parmi les lieux mythiques du pèlerinage, ces étapes inoubliables : 
 
LOGRONO, peu connue, mais capitale de la Province de Rioja, célèbre pour ses excellents vins, avec ses ponts sur l'Ebre, son Parlement, sa Porte des Pèlerins et son immense parc de la Grajera 
 
Au sommet de la SIERRA DEL PERDON (780 m) facile à gravir, à côté des bruyantes éoliennes visibles de loin, des pèlerins en marche sculptés dans le métal et figés pour l'éternité ! 
 
 
 
Mais après, quelle descente !!  
 
BURGOS la ville du Cid et de Franco 
 
 
 
une journée entière pour visiter la "reine des cathédrales" (Chateaubriand) 
 
 
 
 
BOAVISTA, le Pilori pour les condamnés 
 
 
 
 
SAHAGUN, la porte San Benito 
 
 
 
 
LEON, sa cathédrale et 1800 m2 de vitraux 
 
 
 
 
ASTORGA, une cathédrale toute rose et un Palais Episcopal construit en 1889 par l'architecte catalan GAUDI, dans un style dont Walt Disney s'est inspiré pour plusieurs de ses dessins animés 
 
 
 
 
Au point culminant du pèlerinage (1490 m), la Cruz de Ferro, haute de 6 m, au pied de laquelle chaque pèlerin dépose le caillou transporté depuis chez lui 
 
 
 
Ici, une pierre de notre jardin de Bertrange, symbole du fardeau des péchés et de toutes les choses inutiles dont le pèlerin se débarrasse au pied de la (sa ?) croix. 
 
 
 
Un grand moment d'émotion et de prière ! 
 
 
PORTOMARIN, le village englouti et reconstruit sur les hauteurs
 
 
 
 
 

  
(c) Jean-Paul et Marie-Reine PORTZER - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le
25.09.2013 - Déjà 13934 visites sur ce site!